
La 12ème édition du Symposium national sur les droits de l’homme s’est tenue à
Bamako, dans l’enceinte de l’École de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye, le 10
décembre 2020. Le symposium a été organisé par la Commission Nationale des Droits de
l’Homme (CNDH) avec le soutien du Centre pour la Gouvernance du Secteur de la
Sécurité (DCAF). Intervenant à l’occasion du 72ème anniversaire de la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948, ce symposium s’est voulu être
un état des lieux sommaires de la situation des droits de l’Homme au Mali et un cadre de
rappel des engagements internationaux de l’Etat du Mali qui attire l’attention des
partenaires clés sur l’impératif de respect, de protection et de promotion desdits droits
et de réduire sensiblement des violations des droits humains en tout temps et en toutes
circonstances.

L’objectif de ce symposium était de sensibiliser les acteurs de la défense, de la sécurité,
de la justice et des organisations de la société civile en vue d’une collaboration
renforcée, pour plus d’efficacité, de redevabilité, d’intégrité et de respect de l’état de
droit.
Plusieurs personnalités et organisations ont pris part à ce Symposium, dont le Ministre
et de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, S.EM. l’Amabassadeur du
Qatari au Mali, le Premier Conseiller de l’Ambassadeur du Royaume de Danemark au
Mali, etc.
Le discours de bienvenue a été prononcé par le Directeur Général de l’École de Maintien
de la Paix Alioune Blondin Bèye qui a noté que depuis quelques années, une
recrudescence des violations de Droits de l’Homme est constatée au Mali. Cela va du
Septentrion, au Centre et désormais à l’Ouest avec la résurgence de la pratique de
l’esclavage par ascendance, pratique qu’on croyait révolue. Il a exhorté à l’ensemble des
Maliens et à leurs partenaires, à agir de concert afin de faire cesser de telles pratiques
dignes d’une autre époque qui n’honore pas le Mali et en a appelé à une synergie
d’action pour le respect des droits de l’homme dans ce pays.
Les Mots de circonstances ont été prononcés par M. Boubacar THERA, Coordinateur
résident par intérim du DCAF au Mali. Dans ses mots, il a souhaité à tous les
participants, joyeuse fête des droits de l’homme à l’occasion du 72e anniversaire de la
déclaration universelle des droits de l’homme que le Mali célèbre à l’instar des autres
Etats membre de l’Organisation des nations unies. Il a rappelé que le Centre pour la
gouvernance du secteur de la sécurité qui intervient au Mali depuis une dizaine
d’années, a vocation à accompagner les institutions de défense et de sécurité, les
autorités indépendantes de contrôle externe, et la société civile dans la promotion de la
bonne gouvernance en général, et dans celle du secteur de la sécurité en particulier avec
la prise en compte de la dimension genre dans la prestation des services de sécurité.
Depuis 2014, le DCAF travaille de manière rapprochée avec la CNDH afin de contribuer à
l’amélioration de la gouvernance du secteur de la sécurité au Mali.
D’autres mots de bienvenus ont été prononcés par le Président de la CNDH M.Aguibou
BOUARE qui a tenu à rappeler aux participants que la date du 10 décembre n’a pas été
choisi au hasard pour la tenue de ce symposium, en ce sens qu’il marque le 72eme
anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948,
fondement d’un monde de paix, de justice et d’égalité.
Le discours d’ouverture a été prononcé par le M. le Garde des Sceaux. Dans ses
remarques, il a déclaré que ce symposium se tenait à un moment particulièrement
éprouvant pour notre pays en termes de crise socio-politique mêlée de graves violations
et abus graves des droits de l’Homme : des cas d’exactions, de violences basées sur le
genre, des assassinats ciblés, des attaques contre les écoles, etc.
Au cours de cette journée de Symposium, des panels ont porté respectivement sur des
thèmes suivants : la situation des droits de l’homme face aux défis sécuritaires quels
mécanisme de réponse ? ; la protection des droits de l’homme dans le contexte du covid-
19 ; Vers une stratégie intégrative de protection des droits de l’homme.
Après la présentation des Panels, des discussions en termes de contributions et de
questions ont été ouvertes avec l’ensemble des participants du Symposium. Ces
différentes activités ont permis de relever des cas de violations graves des droits de
l’homme, des insuffisances, des avancées et des défis sur la situation des droits de
l’homme au Mali.
Au chapitre des violations constatées, il a été rappelé que l’année 2020 a été
particulièrement éprouvante pour les populations du Mali par suite de multiples
violations de droits humains. Il s’agit entre autres.
Parmi les insuffisances constatées en matière de protection des droits de l’homme, on
peut citer entre autres : l’impossibilité pour le citoyen de saisir la Cour constitutionnelle
en cas de violation des droits et libertés fondamentaux garantis par la Constitution ;
l’insuffisance de protection légale en matière de protection des victimes et de leurs
témoins ; l’accès difficile à la justice par les victimes etc… Toutefois, La gravité des cas de
violations et d’abus des droits de l’Homme dans notre pays ne doit pas cacher les efforts
déployés par le Gouvernement en matière de protection des droits humains.
Concernant les avancées, les participants ont relevé que le Gouvernement du Mali a
déployé d’énormes efforts pour la protection des droits de l’Homme malgré le contexte
de crise assez difficile. On peut citer entre autres : l’adoption de la loi relative aux
défenseurs des droits de l’homme et son décret d’application, de la loi sur la protection
des personnes vivant avec handicap ; l’adoption en Conseil des Ministre le 23 octobre
2020, des projets de textes relatifs à la ratification du Protocole à la Charte Africaine des
Droits de l’Homme et des Peuples, relatif aux droits des personnes handicapées en
Afrique, adopté par la 30e Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de
Gouvernement de l’Union Africaine, tenue le 29 janvier à Addis-Abeba ; l’adoption en
Conseil des Ministres du document de politique nationale de protection de la famille et
son plan d’actions pour la période 2016-2020 et des lignes directrices de gestion et de
protection des enfants à risque ou vivant dans des situations graves d’abus , de violences
, d’exploitation ou de négligence ;
Parmi les recommandations formulées au symposium, on peut retenir entre autres : La
nécessité de renforcer les capacités des forces armées et de sécurité pour une meilleure
protection des personnes et de leurs biens ; la lutte contre l’impunité tout en diligentant
les enquêtes sur les cas de violation des droits humains alléguées ; la recherche,
l’identification et la poursuite des auteurs et complices de violation des droits humains ;
la poursuite de la réforme du service public de la justice en renforçant l’appareil
judiciaire ; la dotation de l’Institution Nationale des droits de l’Homme en moyens
humains et financiers lui permettant d’être opérationnelle sur l’étendue du territoire
national en étroite collaboration avec la société civile ; le renforcement de l’efficacité des
mécanismes et instruments de lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance
dans le respect des droits humains ; la nécessité d’adopter une loi sur les violences
basées sur le genre ; l’adoption d’une loi portant répression de l’esclavage et des
pratiques assimilées etc…
En définitive, la 12ème édition du Symposium national sur les droits de l’homme a
atteint ses objectifs en ce sens qu’elle aura permis de partager l’état des lieux de la
situation des droits de l’homme au Mali avec l’ensemble des participants, de sensibiliser
les acteurs du secteur de la sécurité à la situation des droits humains au Mali, dans un
contexte de crise généralisée. Vivement la 13è édition en Décembre 2021.
La rédaction
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