La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a été saisie, dans la journée du 05 Mai 2021, du débarquement d’une centaine de victimes de l’esclavage par ascendance venues du village de Bagamadougou dans la commune de Madiga Sacko, cercle de Diema, région de Kayes.

Parmi ces déplacés victimes d’esclavage par ascendance, l’on dénombre, 18 femmes, 53 enfants dont 27 Garçons et 26 filles. Elles ont toutes été chassées de leur village pour avoir simplement refusé de reconnaître leur « statut d’esclave ». Dès la saisine de la CNDH, ces victimes déplacées ont reçu la visite de son Président, M. Aguibou BOUARE, accompagné de la Vice-présidente Aissata Founé TEMBELY, du Secrétaire Général, et de deux autres personnels d’appui. Sur les lieux de st-in des déplacés, en face de l’Ambassade de la France, le Directeur Régional de la Police,  le Commissaire Adjoint du 1er Arrondissement, la Directrice du Développement Social étaient présents. Aussitôt informé par le Président de la CNDH, le Ministre de la justice et des Droits de l’Homme a saisi ses homologues pour dispositions utiles à prendre. 

Sur saisine de la CNDH, Mme la Ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, BOUARE Bintou Founé SAMAKE a promptement réagi en instruisant à la Cité des Enfants d’assurer l’hébergement provisoire des déplacés, en attendant les dispositions adéquates des autorités compétentes. En fin de journée, le Ministre de la Réconciliation Nationale a dépêché son Secrétaire Général pour s’informer sur la situation de ces victimes provisoirement hébergées à la cité des enfants.

Il faut rappeler que cette situation n’est pas nouvelle au Mali, car depuis quelques années dans la région de Kayes, nous assistons à ces comportements violents des soi-disant maîtres envers des gens qu’ils qualifient « d’esclave », et qui sont très souvent contraints de quitter leur village pour chercher refuge ailleurs. Les droits élémentaires de ces personnes sont foulées au pied (droit à la vie, à l’intégrité physique, à la sécurité, à la propriété, à la santé…Pire, des personnes tapies au niveau de certaines Hautes institutions de la République encouragent l’esclavage, en jetant de l’huile sur le feu, à travers des discours incitatifs à la haine, ou en niant la réalité du drame, sous le prétexte d’une hypothétique culture. La CNDH n’a cessé d’exprimer sa très vive préoccupation par rapport à la recrudescence de la violence liée aux pratiques de l’esclavage par ascendance, singulièrement dans la Région de Kayes.

Le Président de la CNDH a profité de ce nouvel incident, après celui de septembre 2020 ayant fait 4 morts parmi les « esclaves », pour interpeller une fois de plus, les plus hautes autorités du pays afin qu’elles s’intéressent sérieusement à cette problématique constitutive d’abus et de violations graves des droits de l’Homme.
Il a exprimé son inquiétude face au risque de radicalisation de ces victimes et leur vulnérabilité faisant d’elles des proies faciles à l’enrolement par les terroristes. 

La rédaction