Le Mali, à l’instar des autres pays membres des Nations Unies, célèbre le 10 décembre, l’anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par la Résolution 217 des 58 Etats membres qui constituaient l’Assemblée Générale de l’ONU.
Document fondateur, la Déclaration Universelle des droits de l’Homme proclame les droits inaliénables de chaque individu en tant qu’être humain sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion ou de toute autre opinion, d’origine sociale.
En effet, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a résisté à l’épreuve du temps, ce qui démontre le caractère universel de ses valeurs et de ses principes, notamment en termes d’égalité, de justice et de dignité humaine.
Notre pays a adhéré aux principes et valeurs consacrés par cette Déclaration, dès son accession à l’indépendance en l’incorporant dans le Préambule de ses différentes Constitutions. Toutefois, l’espoir que la Déclaration a suscité au moment de son adoption est loin d’être pleinement réalisé, notamment dans le contexte de crise multidimensionnelle. C’est pourquoi, la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Mali (CNDH) réitère son appel au Gouvernement à tout mettre en œuvre pour la concrétisation des droits humains en général et de ceux énoncés dans la Déclaration en particulier.
Cette année, le Mali célèbre la Journée internationale des droits de l’Homme dans un contexte particulièrement difficile caractérisé par des violations et abus souvent graves et massifs des droits de l’Homme, notamment dans le Nord et le Centre du pays, en témoignent les récurrentes attaques contre les paisibles populations civiles, les forces de défense et de sécurité maliennes, les forces partenaires dont les plus récentes ont été lâchement perpétrées à Bandiagara contre un bus, à Mopti, à Tombouctou avec d’importantes pertes en vie humaine et de nombreux dégâts matériels.
Les atteintes au droit à la vie, à l’intégrité physique, à la sécurité sont légion, sans oublier la pratique de l’esclavage par ascendance et ses manifestations violentes attentatoires à la dignité humaine.
Les femmes et les filles continuent de subir les violences sexuelles et sexistes sur le théâtre des opérations de lutte contre le terrorisme.
Des arrestations et détentions arbitraires ainsi que des allégations de disparition forcée ont été dénoncées courant 2021.
Des allégations d’atteintes à la présomption d’innocence, à la liberté d’expression et d’opinion ont été enregistrées durant le même exercice.
Tout de même, les récentes mesures du Gouvernement, à travers le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme instruisant les Procureurs de mieux réprimer les infractions en lien avec l’esclavage par ascendance, sont à saluer de même que les lettres circulaires recommandant successivement la diligence dans le traitement des affaires judiciaires et le respect des bonnes pratiques en matière de distribution de la justice.
Sur le registre de la lutte contre l’impunité, l’organisation, des audiences entamées par le tribunal militaire, est à encourager.
Sans faire un état des lieux exhaustif, il est important de noter que les droits de l’Homme sont l’affaire de tous. C’est pourquoi la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, la Charte Africaine des droits de l’Homme et des Peuples, et bien d’autres instruments juridiques internationaux, nous responsabilisent tous. Les principes et valeurs qui y sont évoqués sont aussi pertinents que d’actualité.
Nous devons défendre nos droits, chacun de nous peut agir au quotidien pour défendre les droits qui nous protègent et promouvoir l’appartenance de toutes et de tous à notre chère humanité. A cet effet, Eleanor Roosevelt disait : « Si chacun ne fait pas preuve de civisme nécessaire pour qu’ils soient respectés dans son entourage, il ne faut pas s’attendre à des progrès à l’échelle du monde ».
En tant que Mécanisme national de protection des défenseurs des droits de l’Homme, la CNDH exhorte tous les défenseurs à persévérer dans cette mission sacerdotale pour le respect des droits humains, malgré les difficultés particulières liées au contexte.
La CNDH salue les efforts déployés par les autorités et les forces partenaires en vue de sécuriser les populations et leurs biens, et rappelle que de telles actions doivent impérativement s’inscrire dans le strict respect des droits de l’Homme et du droit international humanitaire.
Elle invite toutes les populations et toutes les composantes de la société malienne à œuvrer main dans la main, dans le respect des engagements régionaux et internationaux du Mali, à un retour à l’ordre constitutionnel fondé sur l’Etat de droit induisant le droit des citoyens à participer à la gestion des affaires publiques soit personnellement soit à travers leurs représentants légitimes.
La 13ème édition du Symposium national sur les droits de l’Homme que la CNDH, en partenariat avec ses partenaires (DCAF et FAMOC), dans le cadre du « Mois » des droits de l’homme, s’apprête à organiser du 16 au 17 décembre, va contribuer, j’en suis sûr, à renforcer, les acquis et dessiner des perspectives pour une responsabilité partagée dans la promotion et la protection des Droits de de l’Homme au Mali.
L’institution nationale du Mali souscrit pleinement à la campagne mondiale lancée sous le titre «l’égalité » par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme et engage le Gouvernement à traduire dans les faits l’aspiration commune à protéger les droits de l’Homme et à poser les fondations d’un monde plus juste, égalitaire et équitable; à combattre la discrimination quelle que soit sa forme ou sa nature, l’incitation à la haine et à la violence sous toutes leurs formes.
La préservation d’un environnement sain et du droit à la santé dans un contexte marqué par la COVID-19 doivent être des priorités.
Œuvrons tous à la prévention des violations et abus des droits humains ainsi qu’à leurs respect et protection.
La protection des droits de l’Homme est une responsabilité partagée.
Bamako, le 10 décembre 2021
M. Aguibou BOUARE
Président
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