Le monde a célébré, le 10 décembre 2021, la Journée des droits de l’Homme. Elle intervient au Mali dans un contexte marqué par des violations dénoncées par les défenseurs des droits humains.

Le Mali a enregistré en septembre dernier 159 violations des droits humains et566 atteintes aux droits de l’Homme. C’est ce
qui ressort du dernier rapport trimestriel de la MINUSMA. Le même document indique qu’au moins 527 civils ont été tués, blessés enlevés ou disparus sur la période allant du 1 Avril au 30 Juin 2021.

50% des actes de violence contre les civils ont été commis dans les cercles de Bandiagara, Douentza, Djenné, Koro, Mopti, Niono et Ségou. Les violences enregistrées à Ansongo et Gao représentent 15% du taux national, indique ledit document.

Un rapport d’Amnesty International, publié en septembre 2021, pointe du doigt la fermeture des écoles au centre du
pays. Cette situation prive les enfants de leur droit à l’éducation, précise le rapport. Selon l’UNICEF, 1261 écoles étaient fermées en mars dernier en raison des menaces des groupes armés. D’autres violences des droits humains liées aux libertés de mouvement et d’expression ainsi que des détentions arbitraires sont aussi signalées.

La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) juge le tableau « peu reluisant ». Elle note de nombreuses formes de violations des droits humains au Mali. “Cette année, le Mali célèbre la Journée internationale des droits de l’Homme dans un contexte particulièrement difficile caractérisé par des violations et abus souvent graves et massifs des droits de l’Homme, notamment dans le Nord et le Centre du pays, en témoignent les récurrentes attaques contre les paisibles populations civiles, les forces de défense et de sécurité maliennes, les forces partenaires dont les plus récentes ont été lâchement perpétrées à Bandiagara contre un bus, à Mopti, à Tombouctou avec d’importantes pertes en vie humaine et de nombreux dégâts matériels’’, a indiqué la CNDH.

Les atteintes au droit à la vie, à l’intégrité physique, à la sécurité sont légion, sans oublier la pratique de l’esclavage par ascendance et ses manifestations violentes attentatoires à la dignité humaine.

Les femmes et les filles continuent de subir les violences sexuelles et sexistes sur le théâtre des opérations de lutte contre le terrorisme, a souligné l’organe de lutte. Durant 2021, des arrestations et détentions arbitraires ainsi que des allégations de disparition forcée ont été dénoncées de même que des allégations d’atteintes à la présomption d’innocence, à la liberté d’expression et d’opinion.
Sans faire un état des lieux exhaustif, il est important de noter que les droits de l’Homme sont l’affaire de tous. “Nous devons défendre nos droits, chacun de nous peut agir au quotidien pour défendre les droits qui nous protègent et promouvoir l’appartenance de toutes et de tous à notre chère humanité. A cet effet, Eleanor Roosevelt disait: « Si chacun ne fait pas preuve de civisme nécessaire pour qu’ils soient respectés dans son entourage, il ne faut pas s’attendre à des progrès à l’échelle du monde »’’.

Par ailleurs, la CNDH salue les efforts déployés par les autorités et les forces partenaires en vue de sécuriser les
populations et leurs biens, et rappelle que de telles actions doivent impérativement s’inscrire dans le strict respect des droits de l’Homme et du droit international humanitaire.

Elle invite toutes les populations et toutes les composantes de la société malienne à œuvrer main dans la main, dans
le respect des engagements régionaux et internationaux du Mali, à un retour à l’ordre constitutionnel fondé sur l’Etat de droit induisant le droit des citoyens à participer à la gestion des affaires publiques soit personnellement soit à travers leurs représentants légitimes.

La bonne gouvernance rime avec le respect des droits humains L’association de défense des droits de l’Homme et la fédération internationale pour les droits humains rappellent que le respect des droits humains est plus qu’important dans le processus de développement d’un pays. Drissa Traoré, Coordinateur national du programme conjoint de l’AMDH et la FIDH

Binadjan Doumbia