En quelques lignes les actes posés par la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) sous le leadership de son président, Aguibou BOUARE.

Aguibou BOUARE : Je peux citer le monitoring de la crise socio-politique de 2020, à travers le monitoring des lieux de privation de liberté (visites inopinées ou régulières); la surveillance des droits fondamentaux des personnalités civiles et militaires privées de liberté lors des évènements des 10, 11 et 12 juillet, et du 18 août 2020 dont l’ancien président IBK (paix à son âme), l’ancien premier ministre boubou Cissé ; une dizaine d’officiers Généraux des FDS. Il faut noter que certains Hauts responsables civils et militaires actuels de la Transition, en son temps détenus, ont bénéficié de nos visites pour la surveillance du respect de leurs droits.

Nous avons mené des missions d’enquêtes et d’établissements des faits suite à différentes allégations de violations et d’abus des droits de l’Homme tant en lien avec les événements socio-politiques qu’en lien avec le terrorisme et l’insécurité au nord et au centre du pays.

Nous avons conduit des missions de médiation concernant la crise sociale, notamment en lien avec les mouvements de grève répétés.

À travers des prises de position publique (déclarations et communiqués), nous avons dénoncé des cas de violations et d’abus des droits de l’Homme, sans oublier les courriers officiels de dénonciation adressés aux autorités compétentes y compris aux plus Hautes autorités.

Il faut noter la redynamisation du cadre de concertation avec les organisations de la société civile ; l’accueil et l’assistance d’une centaine de personnes, en majorité des femmes et des enfants, victimes de pratiques esclavagistes singulièrement dans la région de Kayes ; participation à la mission de médiation en faveur du retour des déplacés internes victimes de l’esclavage ; la réalisation de plusieurs missions d’enquêtes sur les pratiques de l’esclavage ; notification de nombreuses lettres de recommandation aux autorités ; participation à plusieurs séances d’écoute sur les projets de textes ayant des implications en matière de droits de l’Homme.

Nous avons régulièrement dénoncé les arrestations et détentions arbitraires ainsi que les actes de torture. Nous avons réussi le pari de mettre en place un cadre de concertation avec les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) dans le cadre du renforcement des relations de confiance entre les FDS et les populations pour mieux combattre le terrorisme. Au titre de la promotion, nous avons réalisé à l’intention des officiers de police judiciaire, des professionnels de médias, des OSC aussi bien à Bamako qu’à l’intérieur du pays, plusieurs activités de formation.

Des campagnes de lutte contre les VBG et autres activités de formation et d’information ont été menées.
La CNDH a participé à l’animation du Master Genre et Développement de la Faculté des Sciences administratives et politiques sans oublier des accords de partenariat conclus avec d’autres universités dans le cadre de la recherche. Au titre de la prévention de la torture, la CNDH a visité toutes les unités d’enquête, toutes les Maisons d’arrêt du Mali, ces plusieurs fois, à l’exception de celles des régions de Kidal et Tombouctou pour des raisons d’insécurité.

C’est le lieu de remercier et féliciter l’ensemble des Commissaires et personnels de la CNDH ainsi que les organisations de défense des droits humains, particulièrement celles membres du cadre de concertation de la CNDH.
Je salue également l’ensemble des partenaires tant nationaux qu’internationaux de la CNDH pour la promotion du partenariat telle qu’exigée par la loi de création de la CNDH :” en matière de promotion des droits de l’Homme, la CNDH est chargée…de développer la coopération, dans le domaine des droits de l’Homme, avec les Institutions de la République, les organes des Nations unies, les institutions régionales, les institutions nationales des autres pays, ainsi qu’avec les organisations non gouvernementales nationales et internationales…”

Nous demandons à l’état de mieux écouter les mécanismes de protection des droits de l’Homme qui jouent essentiellement le rôle de Conseils auprès des Gouvernants pour prévenir ou régulariser les cas de violations ou d’abus.
Privilégier la sécurité juridique et judiciaire, meilleure sécurité pour tout le monde car le temps de la justice est différent du temps d’un régime ou d’un mandat politique.

Le gouvernement doit mettre un accent particulier sur la mise en œuvre des recommandations et autres avis de l’institution nationale des droits de l’Homme la CNDH.
Enfin, je demande de prier pour notre patrie le Mali; et condamne avec énergie les discours et autres slogans de propagande, d’incitation à la haine, à la violence et à la discrimination entre les filles et fils du Mali.
Rappeler que le respect et la protection des droits humains préviennent les troubles et autres cycles de vengeances, de représailles.

Répéter que nul n’est à l’abri de la violation de ses droits ; il suffit de jeter un regard rétrospectif sur notre passé très récent. La CNDH reste toujours mobilisée pour le respect et la protection des droits fondamentaux de toutes les personnes civiles et militaires comme elle s’en est toujours acquittée dans la constance, dans l’indépendance ; malheureusement, beaucoup ne se rendent compte de l’importance des droits de l’Homme que lorsqu’ils sont personnellement victimes ou lorsque leurs parents en sont victimes.
La protection des droits de l’Homme est une responsabilité partagée.

Source : Le Point, N°241 du Vendredi 04 Février 2022