VICTIMES INNOCENTES: Pour sa part, le président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), Aguibou Bouaré, souligne que la loi interdit à toute personne de se rendre justice quel que soit l’acte que «l’on pourrait reprocher à l’agresseur ou le préjudice que l’on nous aurait causé». D’après lui, les cas de légitime défense ou d’autorisation de la loi sont strictement réglementés.

Selon notre interlocuteur, la recrudescence des pratiques de justice expéditive peut s’expliquer mais ne jamais se justifier «par le sentiment d’impunité que certaines populations fustigent et dénoncent». «Il n’est pas rare d’entendre certains individus affirmer que lorsqu’ils appréhendent les présumés voleurs et autres délinquants, ceux-ci seraient relâchés et bénéficieraient d’une certaine impunité», fait savoir Aguibou Bouaré. Et d’aucuns estiment que les procédures judiciaires sont lentes et souvent trop «clémentes» à leurs yeux. «En tout état de cause, rien ne pourrait justifier la justice expéditive.

Rendre la justice relève de la prérogative exclusive du pouvoir judiciaire en matière pénale», estime le patron de la CNDH. Pour lui, ces exactions constituent des atteintes aux droits à la sécurité, à l’intégrité physique, voire à la vie. «La justice expéditive peut faire des victime innocentes dans la confusion, y compris dans les cas supposés de flagrant délit», pense M. Bouaré. Il dira que les populations devraient comprendre qu’au-delà du caractère infractionnel, nul n’est à l’abri de telles pratiques au gré des circonstances hasardeuses. «Il suffit de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment», dit le président de la CNDH. Notre équipe de reportage.

Source: L’ESSOR N°19709, du Mardi 16 Août 2022