• Monsieur le Représentant du Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme;
• Monsieur le Directeur de l’école de maintien de la paix ;
• Excellence Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des
Organisations internationales accréditées au Mali ;
• Monsieur le Directeur de la Division des Droits de l’Homme et de la
Protection de la MINUSMA, Représentant du Haut- Commissariat des Nations
Unies aux Droits de l’Homme ;
• Monsieur le Chef du Bureau / Coordonnateur Résident au Mali du Centre pour la Gouvernance du Secteur de la Sécurité (DCAF-Mali);
• Monsieur le représentant du FAMOC, Fonds d’Appui aux Moteurs du Changement ;
• Mesdames et Messieurs les Représentants des Partenaires Techniques et Financiers ;
• Mesdames et Messieurs les Représentants des Institutions et Organisations de Défense des Droits de l’Homme ;
• Mesdames et Messieurs les Défenseurs des droits de l’homme ;
• Distingués participants ;
• Mesdames et Messieurs ;
• En vos rang, titre et qualité, tout protocole observé. C’est un grand honneur pour moi de m’adresser à vous ce matin, à l’occasion de la 14ème édition du Symposium national sur les droits de l’homme.
Cet événement annuel important de l’institution nationale des droits de l’homme que je dirige, s’inscrit régulièrement dans le cadre de la célébration de la date anniversaire de l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du mois des droits de l’Homme.

S’il se veut un état des lieux de la situation des droits humains, il constitue
également un cadre de rappel des engagements nationaux, sous régionaux,
régionaux et internationaux de notre pays, pays historiquement précurseur des
droits inalienables de l’Homme à travers la Charte de Kurukan Fuga en 1226, une
des sources importantes des droits humains.

De même, il se veut un espace de rassemblement, de communion des acteurs de la
défense, de la sécurité, de la justice et des organisations de la société civile en vue
d’une collaboration renforcée. La synergie d’actions y découlant permettra plus d’efficacité, plus de redevabilité et plus de respect des règles et normes en matière de droits humains.

Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de vous exprimer toute la gratitude de l’Institution nationale des
Droits de l’Homme pour avoir répondu présents à cette invitation, malgré vos
multiples agendas et occupations.
Votre présence temoigne, sans nul doute, de votre attachement à un monde de paix,
de justice, un monde respectueux de la dignité humaine, de la liberté et sensible au
respect des droits humains.

Distingués invités,
Permettez-moi de rappeler que les droits de l’Homme ou droits humains ne sont pas une œuvre de charité. Ils ne sont pas une faveur que l’Etat accorde ou devrait accorder aux citoyens. Ils sont, au contraire, une obligation fondamentale à sa charge, car il en est le principal débiteur à l’égard de toute personne se trouvant ou qui viendrait à se trouver sur le territoire national.

C’est la raison pour laquelle les abus et violations graves des droits de l’homme que connaît notre pays, ne doivent, ne peuvent et ne sauraient rester impunis.
J’en appelle donc à l’amplification de la lutte contre l’impunité! Une lutte contre l’impunité qui ne peut etre mise en œuvre que par un appareil judiciaire performant.

Cette lutte noble doit contribuer à la construction du nouveau Mali, un Mali
meilleur, un Mali dans lequel la justice prend le pas sur l’arbitraire et l’impunité !
Mesdames et Messieurs,
La CNDH salue les efforts du Gouvernement pour la protection des droits de l’homme malgré le contexte sécuritaire volatile, marqué par des atteintes souvent graves aux droits de l’homme.
Aussi, voudrais-je saluer les efforts des plus Hautes autorités dans l’accompagnement des mécanismes nationaux de protection des droits de l’homme au regard, entre autres, des textes portant création et organisation de la CNDH.

Je témoigne que jusqu’à preuve du contraire, l’institution nationale des droits de l’homme met en oeuvre son mandat légal sans intrusion, menaces ou intimidations formelles, je dis bien jusqu’à preuve du contraire malgré certains obstacles et entraves à l’accomplissement de certaines de nos missions de monitoring.

Je ne saurais passer sous silence les initiatives salutaires du Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, et son homologue en charge de la Sécurité, visant à faciliter la collaboration entre la CNDH et les services relevant de leur département, contribuant grandement à un meilleur respect des droits des populations meurtries et lassées par la crise.
Distingués invités,
Je dois spécifiquement souligner que certaines difficultés subsistent quant à l’accès
de l’Institution national des droits de l’Homme à certains lieux de privation de liberté, notamment au Centre de notre pays. Cet état de fait est de nature à contrarier l’exercice du mandat légal de la CNDH !
Mesdames et Messieurs,
Notre pays est confronté, à son corps défendant, à une crise sécuritaire multidimensionnelle caractérisée par d’inommables violations et abus des droits de l’homme dans le Nord mais surtout le Centre du pays. L’ensemble du territoire national semble désormais dans l’œil du cyclone, dans la ligne de mire de l’hydre terroriste !

Les atteintes au droit à la vie, à l’intégrité physique, à la sécurité sont légion. La pratique de l’esclavage par ascendance et ses manifestations violentes et attentatoires à la dignité humaine perdurent dans notre pays, singulièrement dans la région de Kayes avec des manifestations violentes.

Les femmes et les filles continuent de subir les violences sexuelles et sexistes sur le théâtre des opérations de lutte contre le terrorisme, sur leur lieu de travail et dans leur vie quotidienne sur des pans entiers du territoire national, en toute impunité souvent.

Des arrestations et détentions arbitraires ainsi que des allégations de disparition forcée défraient régulièrement la chronique.
Des allégations d’atteintes à la présomption d’innocence, à la liberté d’expression et d’opinion ont été enregistrées durant la même période Distingués invités,

Dans ce combat du bien contre le mal, permettez-moi de remercier toutes les forces partenaires au chevet de notre pays, pour leur réponse à l’appel et au droit du Mali à la solidarité internationale. C’est au seul prix d’une mobilisation internationale et transnationale efficace autour de notre pays que la progression des violations graves des droits humains pourra être circonscrite et enrayée.

Mesdames et Messieurs,
En matière de lutte contre le terrorisme, nous saluons les efforts de nos forces de défense et de sécurité dans cette guerre complexe surtout symétrique. Nous saluons toutes les forces partenaires engagées aux côtés de nos FDS dans ce combat noble.

Aussi, lançons-nous un appel pressant au Conseil de Sécurité des Nations Unies en vue de doter les forces onusiennes d’un mandat robuste et offensif, en soutien aux FDS, pour une protection efficace des populations civiles et de leurs biens sur l’étendue du territoire Malien.

Mesdames et Messieurs,
Au titre de la situation carcérale et des personnes détenues, la surpopulation carcérale, la corruption en milieu carcéral, les mauvaises conditions d’hygiène, l’absence d’infirmerie dans la plupart des maisons d’arrêt au Mali, constituent de réels motifs d’inquiétude pour la CNDH !
De même, des cas de traitements inhumains ou dégradants, y compris des cas de torture, sont à déplorer au niveau de certaines maisons d’arrêt, et dans les lieux officieux de « détention » dont l’accès est interdit à la CNDH.

Mesdames et Messieurs,
Le fléau de l’esclavage par ascendance persiste dans notre pays notamment dans les Régions de Kayes, Kita, Koulikoro et Nara.
Cette pratique porte atteinte gravement à la dignité humaine autant qu’elle met en péril la cohésion sociale dans les régions où elle sévit.
Les victimes sont l’objet de traitements discriminatoires et attentatoires à leur dignité d’homme libre.
Ces comportements et pratiques peuvent être constitutifs de crime contre l’humanité.

Distingués invités,
L’augmentation des violences basées sur le genre, l’utilisation des violences sexuelles et sexistes comme arme de guerre ou de soumission est en hausse sous nos cieux. Les femmes et Les filles en sont les principales victimes.

Il urge d’agir, sans quoi beaucoup d’entre elles continueront de mourir sous les coups de leurs conjoints.
Les hommes et les garçons ne sont pas épargnés par les violences perpétrées avec un objectif précis : humilier et dénigrer la victime. Les VBG constituent un défi pour le droit international des droits de l’homme et l’égalité des sexes. Elles constituent également une menace pour la paix, la dignité et la sécurité humaine.
Il est donc plus qu’urgent d’adopter une legislation spécifique pour endiguer le fléau.
Mesdames et Messieurs,

Actualité oblige !Je me dois de rappeler que le massacre de civils en temps de conflit, est constitutif
de crime de guerre. Le massacre de civils en temps de conflit comme en temps de
paix peut être constitutif de crime contre l’humanité !
Les atteintes aux droits de l’Homme visant les civils ne doivent pas être rester impunie !

Distingués invités,
Au titre des droits économiques sociaux et culturels, le droit à l’éducation est sérieusement affecté en raison, à la fois, de l’insécurité mais aussi de l’exercice récurrent du droit de grève, se traduisant par la fermeture des écoles privant ainsi de milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation.
Le droit à la santé est également fortement affecté par des grèves récurrentes. Distingués invités,

Mesdames et Messieurs, Afin de réduire davantage les violations des droits humains et en favoriser un
meilleur respect, je voudrais recommander, entre autres, à l’Etat :

  • de renforcer les capacités des forces armées et de sécurité pour une meilleure protection des personnes et de leurs biens ;
  • de lutter efficacement contre l’impunité en diligentant les enquêtes sur les cas de violation des droits humains alléguées ;
  • de rechercher, identifier et poursuivre les auteurs et complices de violation des droits humains ;
  • de poursuivre la réforme du service public de la justice en allouant les ressources nécessaires à une performance de l’appareil judiciaire ;
  • de doter l’Institution Nationale des droits de l’homme CNDH en moyens humains et financiers lui permettant d’être opérationnelle sur l’étendue du territoire national, en étroite collaboration avec la société civile ;
  • d’améliorer et renforcer les mécanismes de lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance ;
  • d’adopter une loi sur les violences basées sur le genre ;
  • d’adopter une loi portant répression de l’esclavage et des pratiques assimilées. Mesdames et Messieurs,
    Il convient de rappeler que l’appui et l’accompagnement du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme et des partenaires techniques et financiers à la CNDH, ont rendu ce symposium possible.

Je remercie nos partenaires DCAF et PNUD dont l’appui financier a contribué significativement à la réalisation de cette activité
Je voudrais réitérer ma profonde reconnaissance à la Divion des droits de l’homme
et de la Protection de la MINUSMA pour l’assistance technique et l’accompagnement constant à la CNDH dans l’accomplissement de la mission de protection et de promotion des droits de l’homme.

Permettez-moi d’adresser mes sincères remerciements à l’Ambassade du Royaume du Danemark à travers le Fonds d’Appui aux Moteurs du Changement (FAMOC), à l’Institut International des Droits de l’homme du Royaume du Danemark, au PNUD, au Bureau de la Coopération Suisse, à l’Union Européenne pour leur assistance précieuse à la réalisation des missions de la CNDH ainsi qu’à tous les
Partenaires Techniques et Financiers intervenant à nos côtés pour aider notre pays à
relever les nombreux défis à lui imposés.

Distingués invités,
Je salue la présence des organisations de la Société civile, de défense des droits de l’homme dont le rôle et la contribution sont essentiels dans la protection et la promotion des droits de l’homme dans notre pays.
C’est par ailleurs, le lieu pour moi de prôner la synergie d’actions pour une meilleure protection des droits de l’homme.

Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je ne saurais terminer mon propos sans exprimer ma profonde gratitude et ma constante reconnaissance à la presse, un véritable mécanisme de garantie des droits humains qui s’ignore parfois, et à l’ensemble des partenaires ici présents.

Monsieur le Ministre de la Justice,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Nul n’est à l’abri de la violation de ses droits !

Malheureusement, beaucoup de personnes ne s’en rendent compte que lorsqu’elles- mêmes ou un des leurs est victime de violation ou d’abus des droits humains.

Pour la CNDH, la protection des droits de l’homme est une responsabilité partagée.

Je vous remercie de votre aimable attention !