Pour le président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), par rapport aux principes de la présomption d’innocence, la liberté est le principe en ce sens qu’une personne ne doit être, normalement, détenue qu’après condamnation. Cela suppose que les juges doivent émettre rarement, dans les seules conditions indiquées par le Code de procédure pénale, les mandats de dépôt. Or « dans la réalité, nous assistons pratiquement au contraire.

Il y a un décernement quasi systématique de mandats de dépôt qui entraine l’emprisonnement des personnes», déplore Aguibou Bouaré qui estime que cette situation est attentatoire aux principes de la présomption d’innocence.
Cependant, il signale que la détention provisoire est prévue mais dans des cas spécifiques énumérés par le Code de procédure pénale. C’est par exemple le cas, lorsque la liberté de la personne poursuivie peut entrainer sa fuite ou bien peut permettre que cette personne aille faire disparaître les preuves matérielles ou faire des concertations avec ses complices.
La surpopulation carcérale est due au fait que pour un oui ou pour non, on décerne un mandat de dépôt. Du coup, on remplit les prisons et après, la procédure judiciaire diligente ne suit pas. Ce qui fait que les gens trainent énormément en prison, pointe Aguibou Bouaré. « Il arrive parfois que ces personnes soient libérées ou acquittées à l’issue du jugement », relève le défenseur des droits de l’Homme, pour qui l’état doit prendre ce problème très au sérieux et mettre l’accent sur la formation des juges et leur sensibilisation ainsi que les solutions alternatives à l’emprisonnement.

Source: L’Essor du 04 Avril 2023