
Dans un communiqué publié à Genève, le 08 Mai 2023 intitulé « Mali : l’esclavage par ascendance doit être criminalisé, déclarent des experts de l’ONU », des experts des Nations Unies ont reconnu les efforts fournis par la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) dans le cadre de la lutte contre l’esclavage au Mali.
« Rien ne peut justifier l’esclavage, qu’il s’agisse de culture, de tradition ou de religion », ont déclaré Tomoya Obokata, rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences et Alioune Tine, Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali. « Continuer à soutenir l’esclavage au 21ème siècle contredit les engagements répétés des autorités maliennes à respecter, protéger et mettre en œuvre les droits de l’homme pour tous et toutes».
Les Experts ont rappelé que selon la Commission nationale des droits de l’homme du Mali (CNDH), il n’existe pas de données sur le nombre de victimes de l’esclavage par ascendance dans le pays; que cependant, certaines organisations estiment qu’au moins 800 000 personnes sont considérées comme nées en esclavage, dont environ 200 000 vivent sous le contrôle direct de leurs « maîtres ».
Les experts n’ont pas manqué de reconnaître les efforts importants déployés par les autorités maliennes, en particulier le ministère de la justice et les autorités judiciaires, pour mettre fin à l’impunité dans les cas d’esclavage par ascendance. Ils se sont félicités de la condamnation de plusieurs personnes pour de tels crimes lors d’une session spéciale de la Cour d’assises de Kayes tenue du 27 février au 17 mars 2023.
Les Experts ont en outre évoqué que la Commission nationale des droits de l’homme du Mali a détaillé les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits liées à l’esclavage par ascendance, notamment les actes de violence, les agressions, la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, les humiliations publiques, les insultes, les intimidations, les séquestrations et les viols commis quotidiennement par les « maîtres » à l’encontre des « esclaves », le refus d’accès aux services sociaux de base (notamment les infrastructures d’approvisionnement en eau telles que les pompes ou les puits, les écoles, les infrastructures sportives et sanitaires), et le refus d’accès aux commerces ou aux champs. Les personnes ou les communautés qui résistent à l’esclavage sont souvent soumises à un isolement physique ou social et à des restrictions de mouvement de la part de leurs « maitres ».
Les Experts ont conclu que la mise en œuvre des recommandations formulées lors du dialogue interactif sur le Mali en mars 2023 et l’examen périodique universel du Mali en mai sont l’occasion pour le pays d’adopter immédiatement une législation spécifique criminalisant l’esclavage. « Le Mali est le seul pays de la région du Sahel à ne pas disposer d’une telle législation », ont-ils déclaré.
Lien du Communiqué : https://www.ohchr.org/fr/press-releases/2023/05/mali-slavery-descent-must-be-criminalised-un-experts-say
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